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Perturbateurs endocriniens, quel avenir pour nos enfants ?

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Perturbateurs endocriniens, quel avenir pour nos enfants ?

Parfums, cosmétiques, produits ménagers… Ces perturbateurs endocriniens sont, sans qu’on le sache, présents dans notre vie de tous les jours alors que notre santé dépend du bon fonctionnement de notre système endocrinien.

Certaines substances favoriseraient certains cancers et perturberaient le développement des bébés.

Le Dr Odile Bagot, gynécologue, obstétricien et auteure de Perturbateurs Endocriniens, et maintenant on fait quoi ? nous éclaire sur le sujet.

Qu’est-ce qu’un perturbateur endocrinien ?

C’est une substance de synthèse au naturel qui mime ou perturbe l’action des hormones dans le règne animal.

Cette définition date de 1991, jusqu’à cette date on ne connaissait pas les perturbateurs endocriniens.

Ce n’est qu’en 2015 que les sociétés internationales d’endocrinologie reconnaissent leur implication dans l’obésité et le diabète, la reproduction chez l’homme et chez la femme, les cancers hormono-dépendants, les cancers de la prostate, le fonctionnement de la thyroïde et les troubles neurodéveloppementaux et neuro-endocriniens.

Ca vient perturber l’organisme humain ou animal avec des répercussions sur la santé, dans la sphère de ce qui est régulé par les hormones. Ca peut être le poids, l’insuline, les hormones sexuelles ou les hormones thyroïdiennes.

Peut-on voir un changement avant d’avoir un diagnostic médical ?

Non, pas du tout, ce n’est pas comme la pollution atmosphérique par exemple. La personne va mal respirer si c’est très pollué.

Il s’agit de substances qui sont en quantités infimes, ce n’est pas du tout lié à la dose. Vous ne serez pas intoxiqué par un perturbateur endocrinien.

Ce sont de toutes petites doses qui toucheront un organisme, en général très tôt dans son existence. Pendant la grossesse ou les premières années de la vie, un organisme en plein développement en général va être exposé à ces substances à un certain moment. Les conséquences pathologiques ne seront pas forcément immédiates mais souvent à distance.

Soit c’est immédiat dans le domaine de la malformation fœtale, soit ça peut être beaucoup plus tard.

Par exemple, nous avons une étude suivie de bébés qui sont devenus des femmes nées fin 50 début 60, qui ont été exposées au DDT (insecticide très utilisé dans ces années-là).

Et bien, cinquante ans après, ces femmes ont eu 4 fois plus de cancer du sein que les petites filles nées de mères qui n’étaient pas exposées.

Pour le sein, c’est 40-50 ans après, pour le testicule, c’est 20 ans après.

On ne peut pas savoir à quel moment nous pouvons être touché par un perturbateur endocrinien.

Si nous faisons des analyses de sang, pouvons-nous déceler une anomalie ?

Ca ne se verra pas. On peut toutefois le doser dans le sang maternel, les cheveux, la présence d’un certain nombre de toxines mais ça ne veut pas forcément dire qu’il y a de la pathologie au bout.

Donc, si nous avons un cancer du sein à 50 ans, devons-nous nous poser des questions ?

C’est un co-facteur. Il y a aussi de la prédisposition personnelle et d’autres facteurs, comme l’alcool, qui jouent dans le cancer du sein par exemple.

Mais on sait qu’une personne qui a été exposée aux perturbateurs endocriniens, je vais citer en exemple la catastrophe de Seveso, davantage de cancers du sein ont été révélés dans la population exposée.

Ce qu’on peut expliquer, surtout en ce qui concerne les femmes, c’est qu’il y a beaucoup de perturbateurs endocriniens qui sont des œstrogènes-like. Ils agissent comme les œstrogènes, ils vont donc induire la pathologie liée aux œstrogènes.

Pour un fœtus mâle qui est exposé à une substance qui agit comme les œstrogènes, on pourra constater un frein à son développement mâle, androgénique et les testicules ne vont pas descendre par exemple, ou il y aura une malformation de la verge.

Pour avoir un appareil sexuel masculin bien différencié, ça se fera sous l’effet de la testostérone. Mais un perturbateur endocrinien de type œstrogène aura l’effet inverse, donc la testostérone ne pourra pas agir.

Un autre exemple pour la femme, le scandale du Distilbène.

Pouvez-vous nous rappeler les conséquences de ce scandale ?

Le Distilbène, c’est des œstrogènes de synthèse qu’on avait donnés à des femmes menacées de fausse couche.

Il a été utilisé en France jusque dans les années 76.

Les petites fille nées de femmes exposées au Distilbène, ont eu plusieurs pathologies : des malformations de l’utérus et des trompes qui sont trop petites. Ces femmes-là auront du mal à avoir des enfants et feront des accouchements prématurés, ça aura un effet direct sur l’organisme, sur les organes génitaux de la petite fille, à cause de cette molécule qu’on a donnée à sa mère pendant la grossesse.

L’autre effet, c’est qu’elles risquent de développer un cancer rare du vagin, aux alentours de 20 ans. Et ces femmes qui ont 40-50 ans ont plus souvent un cancer du sein (2,3 fois plus de cancer que les petites filles qui n’ont pas été exposées).

Si c’était le cas, je pourrais aujourd’hui porter plainte ?

Ce n’est pas si simple. Pour le Distilbène, oui.

Le problème, c’est qu’entre une  pathologie qui peut avoir de multiples causes et l’agent causal, il est très difficile d’établir une corrélation forte de cause à effet. D’abord parce que ça dépend de l’instant où le produit a été pris, ça peut être à 2/3 jours près pour les malformations. Ca ne dépend donc pas de la dose.

Ensuite, ce qu’il faut savoir, c’est qu’il y a l’effet cocktail. Le glyphosate tout seul est moins dangereux que le glyphosate mélangé à d’autres molécules (le Roundup en l’occurence), qui est beaucoup plus toxique !

Si je reviens à l’exemple du Distilbène, faute qui a été établie, corrélée, pour les petites filles, ça a eu un effet immédiat sur les malformations génitales, etc.

Pour les petits garçons, ils ont eu plusieurs malformations : testicules qui ne descendent pas et ouverture du méat urinaire sous la verge.

Mais, ce qui est incroyable avec ces perturbateurs, c’est qu’on a un effet transgénérationnel.

C’est-à-dire que les petits-enfants des femmes qui ont été exposées au Distilbène, qui sont nés dans les années 2000, ont un sur-risque de bec de lièvre ou d’atrésie de l’œsophage.

C’est donc très difficile à étudier.

Dans notre vie quotidienne, à quoi devons-nous faire attention ?

Aux polluants organiques persistants, ce sont des molécules, des produits chimiques en général, qui parfois ont été interdits de longue date mais qui restent dans les sols, dans l’air… Et vous ne pouvez pas y échapper car vous allez les retrouver dans les poussières, dans l’eau, et dans tous les aliments y compris biologiques.

Mais on ne peut pas vivre sous cloche, on doit respirer, boire et manger. Pour ces polluants, nous n’avons pas vraiment le choix.

Maintenant, je distingue 3 grandes familles de polluants où là on peut avoir une attitude préventive.

On a ce qu’on appelle tous les plastiques, en tous genres. Dans ces plastiques, vous avez ce qu’on appelle les bisphénols. La plupart ont été interdits mais pas tous. Par exemple, les blancs qui recouvraient l’intérieur des canettes ou des boîtes de conserve. Mais aussi les polycarbonates, tous les contenants qui sont rigides, transparents et qui résistent à la chaleur (biberon, bol de mixeur).

Les phtalates

Dans les plastiques, on a aussi les phtalates, c’est ce qui fait le PVC. Mais c’est aussi tous les parfums ! C’est un plastique qui peut être liquide sous forme de parfum et solide sous forme de table de jardin en passant par le rideau de douche ou même des tubulures pour les perfusions des prématurés. Donc il y en a partout !

Les composés perfluorés

Ensuite, on a les composés perfluorés (PFC). Ce sont tous les vêtements et articles de sport un peu imperméables, déperlants. Les anti-adhésifs, anti-taches, les ustensiles de cuisine pour tourner les crêpes dans la poêle, les spatules noires…

Les retardateurs de flamme bromés

Puis, on a les retardateurs de flamme bromés, ce sont tous les ignifugeants. Les matelas anti-feu que vous trouvez dans les hôtels de luxe par exemple, c’est ce qu’on peut faire de pire ! Mais on a aussi imprégné des peluches, des pyjamas pour enfant, les mousses de siège ou de canapé. Tout cela interfère gravement avec la thyroïde.

Les conservateurs

Et aussi, on a les conservateurs comme le triclosan qu’on retrouve dans les produits d’hygiène, les cosmétiques, etc…et le parabène bien sûr.

Les alkylphénols, on a cela dans les produits de nettoyage, détergents, cosmétiques…

Et les métaux lourds ! Mercure, arsenic, plomb.

En fait, tout ce qui nous embellit et simplifie la vie est un perturbateur endocrinien ?

On peut en trouver dans tous les matériaux de synthèse oui.

Mais se prendre des perturbateurs endocriniens à nos âges, ce n’est pas grave, c’est trop tard ! Les prendre quand on est enceinte, c’est plus gênant. Le problème est là, il faut cibler sur les mille jours. De la grossesse aux 2 ans du bébé, c’est là où il y a les plus gros dégâts.

Qu’en est-il des bouteilles d’eau ?

Ca, c’est autre chose, ce sont des PET. Mais là aussi, il y a de la transmutation de ces plastiques dans l’eau.

Et les produits bio ?

Pour faire très simple, dites-vous que tout ce qu’on peut faire en bio n’est pas parfait mais c’est mieux que rien. Donc, pour l’alimentation, c’est une évidence, la lessive, c’est facile, pour les produits ménagers, on peut trouver des choses simples comme le bicarbonate, le vinaigre, le savon noir ou autres produits bio.

Les produits bio, concept marketing ?

Non, pas du tout. Ce n’est pas parfait mais on ne peut que minimiser le risque. Avec du bon sens, on s’en sort.

Il vaut mieux acheter des patates bio qui coûteront un peu plus cher qu’un plat cuisiné avec de mauvaises patates !

L’histoire du coût n’est pas aussi vrai que ça. Car si on achète des choses simples que l’on cuisine, on s’en tire aussi bien.

Pour les bougies d’intérieur que nous adorons toutes, sont-elles à bannir ?

Oui, elles sont remplies de phtalates. Vous pouvez à la limite mettre des petits cotons avec des huiles essentielles et encore, chez la femme enceinte, certaines huiles sont œstrogènes-like et contre-indiquées.

Tout ce qui est diffuseur, parfum, bougie, encens, c’est une vraie cochonnerie question perturbateurs endocriniens.

C’est dur une vie sans parfum !

Le parfum, c’est des phtalates ! Mais je ne changerais pas pour autant mon parfum ! C’est là que nous faisons des choix.

Il faut minimiser tout ce qu’on peut inhaler, donc quand on met son parfum, on évite de respirer à ce moment-là, idem pour la laque, les vernis à ongle, par exemple.

Ces perturbateurs endocriniens jouent-ils un rôle sur la ménopause ?

Non, sur l’âge de la ménopause non, en revanche sur celui de la puberté, oui ! C’est démontré dans les pubertés précoces. Garçons comme filles, avant 8 ans.

Derniers conseils ou astuces ?

Bien laver les vêtements avant de les porter ! Et faire le tour de sa maison en commençant par la cuisine. Tout ce qui est « contenants » plastiques, on vire ! Vous pouvez remplacer ces contenants par du verre. Même si le couvercle est en plastique, il ne touchera pas l’aliment.

Jeter ses ustensiles de cuisine anti-adhésifs en plastique noir et les remplacer par du bois, ce n’est pas compliqué.

Dès qu’on voit une étiquette mentionnant les mots : parabène, triclosan, phtalate, alkylphénol, on zappe !

Il vaut mieux partir dans un esprit positif en vous disant que vous faites un maximum bio et si vous ne pouvez pas, tant pis. Gardez votre parfum !

Sauf pour les femmes enceintes ! Faites passer le mot !

Dernière chose : il faut aérer votre appartement ou maison !

https://www.konenki.fr/musclons-notre-cerveau-avec-des-produits-naturels/