« Il est plus difficile d’éliminer un préjugé que de diviser un atome ».
Abert Einstein
En matière d’égalité hommes femmes, les idées reçues, préjugés et les stéréotypes inconscients ont une influence puissante sur presque tous nos choix. Si on ne travaille pas à démonter ce qui fabrique l’inégalité au quotidien, on ne pourra pas changer les comportements.
Pointer les idées reçues, les biais, les préjugés maintenant plus que jamais…
Un rapport alarmant de 2020 du Programme des Nations unies pour le développement (couvrant 75 pays soit 80 % de la population mondiale) fait état d’un ralentissement mondial des progrès en faveur de l’égalité des sexes.
Cette nouvelle analyse révèle que, malgré des décennies de progrès pour réduire l’écart entre les hommes et les femmes, près de 90 % des hommes et des femmes ont une sorte de préjugé contre les femmes, ce qui fournit de nouveaux indices sur les obstacles invisibles auxquels les femmes sont confrontées pour atteindre l’égalité.
Environ la moitié des hommes et des femmes du monde estiment que les hommes font de meilleurs dirigeants politiques.
Plus de 40 % estiment que les hommes font de meilleurs dirigeants d’entreprise et que les hommes ont davantage droit à un emploi lorsque les emplois sont rares. 28 % pensent qu’il est justifié qu’un homme batte sa femme.
C’est le moment de recadrer certaines choses et de donner un bon coup de pied à quelques préjugés…
Parmi les idées reçues les plus répandues : il y aurait un cerveau féminin et un cerveau masculin
Vous savez les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus… Selon Catherine Vidal, neurobiologiste, féministe et essayiste française, ce n’est pas exact. Alors oui, c’est le cerveau qui contrôle les fonctions associées à la reproduction sexuée. Elles sont en effet différentes chez les hommes et les femmes. Par exemple, dans un cerveau de femme, il y a des neurones spécifiquement dédiés au déclenchement des ovules.
Mais concernant les fonctions cognitives, il n’y a pas de cerveau féminin et masculin
Les connaissances actuelles sur le développement du cerveau et la plasticité cérébrale démontrent que les filles et les garçons ont les mêmes capacités de raisonnement, de mémoire, d’attention.
Mais la fabrication du cerveau est loin d’être terminée, car les connexions entre les neurones, les synapses, commencent à peine à se former : seulement 10 % des connexions entre les neurones, ce qu’on appelle les synapses, sont présentes à la naissance.
Conclusion 90% de ces connexions viendraient de notre environnement, des influences sociétales, familiales, etc.. Catherine Vidal donne l’exemple des pianistes chez qui on observe un épaississement des régions du cortex cérébral spécialisées dans la motricité des doigts et de l’audition. Ce phénomène est dû à la fabrication de connexions.
Le cerveau des garçons est plus apte à faire des maths
Le cerveau des garçons serait plus doué pour le raisonnement mathématique que celui des filles. Cela n’a aucun fondement biologique.
Pourtant c’est l’une des idées reçues la plus tenace encore aujourd’hui chez les parents !
C’est une étude américaine de 1990 qui a alimenté en partie cette théorie. Elle montrait que les garçons réussissaient mieux les tests mathématiques. Évidemment, on en a déduit que les garçons étaient plus forts en maths. La même étude réalisée en 2008 a révélé cette fois-ci une égalité des résultats. Pas de miracle, ni de mutation génétique mais simplement le fait que les filles osent plus aller dans les filières matheuses. Sûrement aussi le fait d’entendre un peu moins souvent de la part de leurs profs et entourage que les filles seraient plus douées en langue et en littérature qu’en maths.
Nous sommes bien le résultats de nos influences !
Plus l’environnement est favorable à l’égalité, plus les filles obtiennent de bons scores dans les matières scientifiques
Une autre étude menée auprès de 300 000 adolescents dans 40 pays a montré que plus l’environnement socioculturel est favorable à l’égalité hommes-femmes, plus les filles obtiennent des meilleurs résultats en mathématiques. Par exemple, dans les pays nordiques où la parité est de mise depuis longtemps, il n’y a pas de différence de résultats entre les garçons et les filles. En Islande, les filles sont mêmes meilleures en maths que les garçons. Par contre, dans les pays où l’égalité hommes/femmes n’est pas une priorité comme la Turquie et la Corée, les garçons obtiennent de meilleurs résultats.
Mais le chemin est encore long, ces préjugés ont fait leur travail de sabotage dans nos esprits. Une récente enquête menée par Vodafone a révélé que seulement 13 % des femmes au Royaume-Uni pensent que les emplois dans le secteur technologique sont pour elles.
Les idées reçues sur l’ambition des femmes constituent un véritable frein à leur carrière. Le préjugé que l’envie de réussir chez une femme est une névrose persiste
Les mots de Sigmund Freud résonnent encore en nous : « l’envie de réussir chez une femme est une névrose, le résultat d’un complexe de castration dont elle ne guérira que par une totale acceptation de son destin passif ». Comme quoi la cocaïne ce n’est pas bien !
Alors, certes, les mentalités ont évolué. Les concepts de colère vaginale, d’hystérie, semblent être derrière nous. Mais certaines idées nous collent encore à la peau, et on a beau frotter au gant de crin, ça résiste ! Les femmes ont du mal à avouer leur ambition, leur envie de réussir !
La majorité des femmes interrogées estiment que l’ambition est essentielle à la fois dans la vie et au travail. Pourtant, dans une récente enquête d’Ambitious Insights, en partenariat avec la New York Women’s Foundation, 31 % ont déclaré être fières de se dire ambitieuses, soit seulement un tiers d’entre elles. Il y a donc une déconnexion illogique entre le concept d’ambition et le fait d’être ambitieuse.
Enfin dernier préjugé : nous considérons les hommes comme le sexe universel neutre
Les femmes seraient une sorte de facteur atypique et compliqué.
Dans un monde fortement dominé par les hommes, cela renforce le sentiment que les hommes sont juste la norme.
D’où cette Journée de la Femme, qui questionne…
Sur les préjugés et la construction de la ménopause https://www.konenki.fr/la-fabrique-de-la-menopause/