La pandémie de la COVID-19 dure depuis plusieurs mois et ce n’est pas près de s’arrêter. On est nombreux à ressentir le poids émotionnel de l’incertitude, de l’instabilité. Il ne faut pas sous estimer ce que nous vivons. Nous n’avons pas seulement fait des ajustements, nous avons vraiment bouleversé nos vies ! Comment faire la différence entre la petite fatigue ou déprime occasionnelle et une dépression à prendre au sérieux..
C’est logique de ressentir une certaine lassitude, une fatigue émotionnelle…comme on dit « le blues »… Il est important de bien s’écouter pour déterminer si ce que nous ressentons relève d’un trouble passager ou si nos symptômes sont à prendre plus au sérieux !
On fait le point avec Ilana Waserscztajn, psychologue clinicienne spécialisée en thérapies intégratives brèves
Simple fatigue ou dépression, quels symptômes nous aident à faire la différence?
IW : Les ressentis de chacun sont différents, mais il y a quelques symptômes à surveiller. Soyez bon observateur, c’est une période délicate. Sachez qu’il est assez courant de moins apprécier les choses, de ne pas se sentir soi-même. Vous pouvez aussi, plus que la normale, ressentir des sentiments de tristesse, de vide, de colère ou d’irritabilité. Vous pouvez aussi remarquer que vous avez moins d’appétit, moins envie d’appeler des proches ou des amis.
Quels comportements doivent attirer notre attention ?
IW : Si vous observez que vous limitez vous-même vos plaisirs, si vous vous interdisez de faire ce que vous appréciez d’habitude, c’est un signal à prendre en compte. Si vous n’avez plus d’intérêt pour ce qui avant était stimulant, enrichissant, passionnant, ressourçant.. L’épidémie de la Covid-19 nous freine tellement dans nos envies, que le fait de se brimer soi-même peut être un indicateur à prendre au sérieux.
Aussi, prêtez attention à la durée du blues…
IW: La durée est ce qui fait la différence entre un simple blues et le début d’une dépression. De façon générale, il est possible de surmonter les réactions de stress, d’anxiété et de déprime. Par contre, si ce mal-être s’installe, c’est peut-être un indicateur que votre état s’aggrave.
Si vous n’arrivez pas à combattre cette morosité, si vous sentez qu’il n’y a plus de batterie, plus de jus, que la moindre chose, le moindre effort vous fatigue, si cet état dure plus que 3 mois, cela risque de se chroniciser… Dès la fin du 1er mois, il faut consulter pour éviter que ces symptômes ou cet état dépressif s’installent.
Vous avez des peurs envahissantes…
Prenez attention à vos émotions : si vous sentez que vos peurs liées au virus sont disproportionnées, que vous commencez à vous méfier de tout et de tout le monde, que vous êtes en panique lorsque vous entendez parler du virus ou à l’idée de rencontrer des gens…
Aussi, vous vous sentez constamment nerveux, anxieux, que ça vous réveille la nuit vers 4 ou 5 h du matin et que vous n’arrivez pas à vous rendormir. Si vous avez l’impression d’être en permanence en état d’hypervigilance, comme l’alarme d’une voiture qui est déréglée et sonne tout le temps…
C’est que vous souffrez d’une anxiété généralisée. Il vous faut consulter !
Les signes physiques à ne pas négliger
Vous avez des sensations d’étouffer, le cœur qui bat plus vite, des étourdissements, des nausées, des insomnies ou une diminution de l’appétit marquée pouvant être associée à une perte de poids. Vous pleurez beaucoup et souvent… Aussi évidemment, la fuite vers les médicaments, la drogue ou l’alcool doit être prise au sérieux. Certains symptômes sont peut-être le signe que vos ressources personnelles ne vous permettent plus de gérer votre angoisse. C’est votre corps qui vous alerte, il ne gère plus, alors il ne faut pas hésiter à consulter.
On fait quoi pour le blues lié à la Covid-19 ? Demeurez attentif à vos sentiments, vos pensées !
Rappelez-vous que « vous n’êtes pas vos pensées »
Soyez observateur de vos émotions et réactions et donnez-vous la permission de les exprimer à une personne de confiance ou de les exprimer par le moyen de l’écriture, de l’activité physique ou autre.
Ce temps de confinement nous éveille !
Nous sortons de notre engourdissement cérébral. Nous vivions comme des robots à faire chaque jour ce que nous savons faire sans laisser une minute notre libre arbitre prendre la main ou à des libertés… Alors tout d’un coup, en se posant, en se centrant sur soi, chose que l’on sait éviter à merveille par de l’hyperactivité… On se découvre, on se rencontre, on part à la quête de soi…. Et cet éveil, réveille, bouscule…
Soyez votre alliée et faites de votre corps votre meilleur atout !
Pratiquez une activité physique. Cette pause bien-être permet d’évacuer votre stress et d’éliminer vos tensions. Le yoga, la méditation et les massages se sont également avérés efficaces pour améliorer l’humeur. Même si vous êtes en télétravail, gardez une certaine discipline. Les réunions incessantes en vidéos à la maison peuvent vous épuiser. Voir notre article : https://www.konenki.fr/comment-se-proteger-du-zoom-boom/
Conservez vos rituels, faites régulièrement des pauses…. Le soleil, c’est la vie, alors sortez, baladez-vous, faîtes vos conf-call dehors. Etre à l’extérieur est très important pour la santé et augmenterait notre taux de sérotonine! Voir notre article sur cette hormone du bonheur https://www.konenki.fr/enfin-une-drogue-legale-a-utiliser-sans-moderation/
Demandez-vous comment rester en forme mentalement et physiquement!
Rappelez-vous que vos heures de sommeil sont cruciales
Gardez un rythme sain. Essayez de pratiquer la régularité, même si vous ne vous levez pas aussi tôt, gardez une heure de coucher raisonnable et ne jouez pas au yoyo. La routine et la régularité du sommeil sont vos atouts les plus forts pour garder votre moral !
Mangez sainement
Les aliments contiennent aussi ce qu’il vous faut pour aller mieux. Souvenez-vous que dans une noix du Brésil, vous avez 100% de l’apport quotidien en sélénium ! Faites-vous des shots réguliers d’Omega 3 avec des poissons gras ou des huiles végétales ! Prenez votre dose de magnésium avec du chocolat noir ou des amandes. Profitez du temps libre pour apprendre à manger mieux…
Soyez bienveillant avec vous-même
C’est le moment de devenir votre meilleur ami… Accordez-vous des kifs dans la journée (au moins 3 par jour, si on suit Florence Servan Schreiber !), ne cherchez pas jouer les superwoman : déléguez des tâches et laissez tomber les tâches non essentielles… Les kifs ne sont pas forcément alimentaires… Il faut de tout pour être heureux, alors variez les plaisirs 😉
Dorlotez-vous avec des bons amis, des bons livres
Évitez les news, rappelez-vous que vous n’avez aucun contrôle sur l’actualité. Par contre, vous avez un véritable contrôle sur la façon dont vous allez surmonter cette épreuve ! Donnez du sens à ce que vous faites et pourquoi vous le faites…
Stop à l’auto-sabotage !
Arrêtez de mettre le focus sur vos manques, vos frustrations, de vous poser sans cesse des questions auxquelles vous n’avez pas de réponses. Arrêtez de faire des plans sur l’avenir en mode scénario catastrophe. Etre pessimiste n’est pas une attitude saine. On croit souvent (c’est une idée reçue) que se préparer à une issue négative est une bonne chose, « si ça arrive, je ne serais pas déçue, je serais préparée… ». Au contraire, les pensées négatives, les ruminations nous minent et nous empêchent de voir les choses avec clairvoyance. Pire, souvent, elles nous mettent dans un état qui nous prédispose à faire le mauvais choix, à mal réagir…
Soyez positif et maître de vos pensées !
Rappelez-vous : je ne peux pas changer la situation mais je peux changer le regard que je porte sur la situation et je peux changer mes réactions, mes pensées, mes émotions et mes comportements face à la situation.
Vivez au présent. Demandez-vous : quelles sont les ressources qui sont à ma disposition, et si on me donnait du temps sabbatique, comme un cadeau juste pour moi, qu’est-ce que j’en ferais ?
Redevenez l’actrice de votre vie, arrêtez de subir votre morosité et décidez de vivre ce temps un peu comme une coloc, en mode tu es chez toi, chez moi , il y aura des moments où on sera ensemble et des moments où on va mener notre vie chacune de notre côté, surtout ne m’en veut pas si je garde aussi, parfois, souvent et de plus en plus mon indépendance, ma liberté et ma joie de vivre… et toi aussi fais en tout autant… 😉