Comment savoir si nous sommes en préménopause sous pilule ou stérilet ?

Pilule, stérilet, nos modes de contraception peuvent parfois nous « aider » à ne pas savoir si oui ou non nous sommes en préménopause ou en ménopause. Il s’agirait presque d’un très bon prétexte pour retarder cette période que nous redoutons souvent.

Le Dr Odile Bagot, gynécologue-obstétricien et auteure de Vagin et Cie, on vous dit tout ! et Ménopause, pas de panique ! nous explique le mécanisme des moyens de contraception pour les femmes de notre âge.

Comment déceler la préménopause sous contraception ?

Si vous êtes sous pilule œstro-progestative, il est impossible de le savoir puisque vous avez des œstrogènes dans votre corps.

En revanche, si vous commencez à avoir des bouffées de chaleur avec une pilule progestative ou un stérilet à la progestérone, vous êtes probablement en périménopause.

Les bouffées de chaleur sont un bon indicateur.

Pour les stérilets à la progestérone, on garde un cycle, même si on n’a pas de règles. Mais on peut avoir des manifestations comme des saignements qui arrivent, des tensions au niveau des seins, des troubles de l’humeur.

Tout ça est significatif, ce sont des signes qui ne durent pas très longtemps et qui sont remplacés par d’autres.

Il s’agit alors sûrement des symptômes de la périménopause. Les signes les plus évocateurs restent encore les bouffées de chaleur.

Et lorsqu’on est sous pilule œstro-progestative ?

Déjà, on ne devrait plus être sous pilule œstro-progestative après 40-45 ans. Les œstrogènes sont dangereux pour les vaisseaux, donc dangereux au niveau des risques vasculaires.

Le risque vasculaire lié à l’âge s’ajoute au risque vasculaire des œstrogènes, c’est une combinaison un peu explosive.

Si vous prenez encore ce type de pilule, vous ne vous rendez compte de rien. Comme vous avez encore des œstrogènes, vous êtes compensée et vous avez des règles tous les mois. Il n’y a aucun moyen de savoir si vous êtes périménopausée.

Les femmes peuvent être réticentes quant à l’arrêt de cette forme de contraception, puisqu’il n’y a aucune différence. Si elles prennent cette pilule jusque tard, elles n’auront pas de symptômes de la ménopause même si elle est advenue. Cette pilule fait en quelques sortes traitement hormonal de la ménopause, puisque cela apporte des œstrogènes mais avec infiniment plus de risques !

Il faudrait au moins passer à une pilule progestative. On pourra quand même avoir une petite idée d’où vous vous situez avec un dosage hormonal.

Avons-nous moins de symptômes de préménopause en étant sous pilule ?

Sous pilule œstro-progestative oui, car nous n’avons aucun symptôme.

Sous pilule progestative, il y a en a moins effectivement puisqu’on n’a pas tous les troubles des règles, des syndromes prémenstruels. On a quand même une ovulation bloquée, c’est donc plus calme. Idem pour le stérilet à la progestérone. C’est que du bonheur, cela permet de passer ces périodes-là beaucoup plus facilement. Il n’y a aucun problème de règles sous stérilet à la progestérone, contrairement au stérilet en cuivre.

Si à 48 ans par exemple, je veux prendre ce type de stérilet, c’est bien ou c’est trop tard ?

C’est bien, surtout si vous avez des problèmes de règles, de forts saignements. 80 % des femmes entre 40 et 50 ans ont un utérus fibromateux qui va saigner davantage.

Donc si on peut diminuer les saignements, c’est tant mieux.

Vaut-il mieux prendre un stérilet à la progestérone qu’un traitement hormonal ?

Oui, je pense que c’est mieux. Il y a moins d’effets secondaires, ça respecte le cycle et on joue juste sur les saignements avec un traitement local. Ca marche 9 fois sur 10.

C’est que du bonheur !

Le traitement hormonal à la progestérone ne marche pas forcément comme on veut, il peut y avoir des effets secondaires comme des tensions mammaires ou des saignements intempestifs.

Jusqu’à quel âge pouvons-nous prendre une contraception ?

Jusqu’à ce qu’on en n’ait plus besoin. On a moyen de savoir biologiquement si une femme a encore des risques des grossesse ou pas aux alentours de 50 ans. C’est en dosant la fameuse FSH, c’est aussi l’hormone de la ménopause.

La FSH sera élevée en ménopause mais elle commence déjà à augmenter avant.

Lorsqu’on est au-dessus de 25, on sait qu’on n’a plus besoin de contraception, plus de risques de bébé. Mais on risque encore les règles, selon le taux !

Donc cette FSH va nous aider soit à prescrire à nouveau une pilule progestative, soit à savoir s’il faut changer un stérilet ou pas.

Si vous avez 50 ans, que votre taux est supérieur à 25 et que c’est le moment de changer votre stérilet à la progestérone, que fait-on ?

Vous n’avez plus besoin de contraception. Mais si vous êtes à peine au-dessus de 25/30, on sait que vous aurez encore des règles. Donc à ce moment-là, on peut soit vous laisser un stérilet pendant un an car vous n’avez plus de règles, soit si vous avez à nouveau des règles, vous en remettre un, au moins pour ne plus être embêtée par des règles, si vous le souhaitez.

Ca se discute avec votre professionnel de santé.

Donc au-dessus d’un taux de 25, on est assurée de ne pas avoir de grossesse, même par accident ?

Au-dessus de 50 ans, et avec un taux de plus de 25 de FSH, il n’y a aucune chance de grossesse.

La pilule est-elle contre-indiquée si on prend un traitement hormonal pour la ménopause juste après ?

Ce n’est pas comme cela que ça marche. Si vous dites pilule progestative, on ne peut pas enchaîner directement. Car pour prendre un traitement hormonal de la ménopause, il faut être en ménopause confirmée. Or la ménopause confirmée, c’est un an complet sans règles, et sans pilule ou stérilet à la progestérone, sinon on ne le sait pas.

Donc, on ne va pas forcément enchaîner l’un et l’autre puisqu’il faut théoriquement un an d’aménorrhée avant de pouvoir commencer le traitement hormonal de la ménopause.

Si une femme a pris toute sa vie une pilule et ensuite le traitement, ce n’est pas trop lourd ? Je pense au cancer du sein

Marc Espié, épidémiologiste qui s’occupe surtout du sein, a bien repris toutes les études. La pilule œstro-progestative n’augmente le risque de cancer du sein que dans la période de périménopause. Période où on ne devrait plus la donner pour d’autres raisons.

Avoir pris une pilule œstro-progestative de 20 à 40 ans n’est pas délétère. Elle diminue le risque de cancer de l’ovaire, c’est bien démontré et ça n’augmente pas de manière significative le risque du cancer du sein.

Donc, qu’on ait pris la pilule ou pas ne change rien sur la prescription d’un traitement hormonal de la ménopause.

Le THM, c’est de la vraie substitution, ce sont des hormones bio-similaires, les mêmes que nous fabriquions avant, ce qui n’est pas le cas pour la pilule contraceptive.

Est-il nécessaire de faire des analyses de sang en préménopause ?

Ca ne sert à rien du tout de faire une FSH pour savoir à quel moment vous serez ménopausée. Je le redis, le diagnostic de la ménopause, c’est un an complet sans règles ! Ce n’est pas une prise de sang.