Konenki
Vous lisez

Grossesse tardive : « j’ai fait mon premier enfant à 45 ans ! »

0
grossesse tardive
Vos histoires

Grossesse tardive : « j’ai fait mon premier enfant à 45 ans ! »

Florence, 49 ans, directrice commerciale dans l’industrie de la mode, mariée depuis 10 ans a fait son premier enfant à 45 ans. Elle vit au Royaume-Uni avec son mari et sa petite fille qui a aujourd’hui 3 ans et demi. Elle a tenu à partager son expérience sur sa maternité qui n’a pas été la plus simple.

A quel âge avez-vous eu envie de faire un enfant ?

J’en ai eu envie à 40, 41 ans. J’ai fait des examens gynécologiques à 36 ans, au moment où j’ai rencontré mon mari. Je tenais à m’assurer que tout fonctionnait bien, ce qui était le cas. J’ai alors profité de mon histoire d’amour, de mieux connaître mon mari avant d’envisager quoique ce soit. Je n’étais pas préoccupée par cette horloge biologique puisque tous mes examens étaient bons.

Je n’ai jamais eu une envie pressante d’avoir un enfant, je tenais simplement à rencontrer la bonne personne avec laquelle je pouvais envisager d’en faire un. Ce n’était pas un enfant à tout prix. Je l’ai pourtant toujours imaginé.

Qu’est-ce qui a été votre déclic ?

Tout simplement de trouver la bonne personne avec laquelle je voyais mon futur. Je ne vous cache pas que le choix des hommes à cet âge-là n’est pas immense, si vous voyez ce que je veux dire. Le marché n’est pas extensible surtout pour rencontrer des hommes « normaux » qui ont encore des valeurs. Je plaisante mais je vous assure que ce n’est pas une mince affaire.

Si je n’avais pas rencontré la bonne personne, honnêtement je n’aurais pas franchi le cap d’avoir un enfant. Je suis assez « tradi » et sans doute old school mais il m’était impossible de faire un enfant avec le premier venu. J’avais besoin d’un noyau familial solide pour envisager quoique ce soit.

Pas d’enfant à tout prix, je trouve d’ailleurs que ma décision est assez saine.

Et ça se déroule comment de faire un enfant à 45 ans ?

J’ai eu des difficultés. Mais comme mes examens étaient bons à l’âge de 40 ans, je me suis dit que la nature ferait bien les choses et nous avons finalement constaté que cela prenait du temps.

Et puis passé 40 ans, nous ne sommes plus dans les « bonnes statistiques ». Mon mari a eu un accident à l’époque, il a été immobilisé pendant 4 mois sans compter sa longue rééducation. Dans le même temps, j’ai fait des examens plus poussés qui nous ont menés à prendre la décision de faire une FIV. Le temps compte vraiment après 41 ans.

Pour vous, la FIV était une bonne nouvelle ? Comment ça s’est passé ?

Absolument, c’était un soulagement et c’était très positif. Je voyais cela comme un accélérateur et non comme un échec.

Les données étaient bonnes, les voyants étaient au vert et les statistiques bonnes. ! On y a cru. La première fois, ça n’a pas pris. Mais ce n’était pas traumatisant. On a donc recommencé.

Là, les résultats étaient moins encourageants. J’ai fait toutes sortes d’examens et opérations invasives, tout cela a pris beaucoup de temps. Ca a donc reculé le processus de quelques mois, ce n’était pas un détail, vous pouvez vous en douter. Chaque mois compte.

Mon mari a aussi été testé. Il fallait que nous soyons assurés que tout était ok et c’était le cas, nous n’avions aucun problème de reproduction.

On continuait à y croire.

Nous avons fait une deuxième tentative de FIV, ça n’a pas marché. Puis un troisième essai et c’était catastrophique. La stimulation n’a pas été positive.

Je n’ai jamais réussi à être enceinte.

Je me suis sentie abandonnée par le médecin qui s’occupait de moi depuis le début.

J’ai perdu confiance dans le traitement et en mon médecin. Je croyais tellement en ces FIV.

J’ai perdu pieds, d’autant plus qu’il commençait à me parler du don d’ovocytes. Mes chances seraient beaucoup plus élevées.

J’ai décidé à ce moment-là de faire un break. Je ne croyais plus en rien. Les statistiques, les courbes, je ne pouvais plus les regarder, je ne me sentais plus concernée.

Et après ce break ?

J’ai commencé à prendre d’autres avis, rencontrer d’autres médecins. Je me suis rendue compte que j’entrais dans un engrenage qui comportait beaucoup d’enjeux financiers au détriment de l’aspect purement « santé ». Mes examens étaient ciblés et on ne s’est pas rendu compte que j’avais un problème génétique qui freinait la possibilité d’être enceinte ou de mener une grossesse normale. On nous a également fait remarquer que les spermatozoïdes de mon mari n’étaient pas performants. Choses que nous ignorions jusqu’à présent.

J’ai décidé de prendre contact avec une naturopathe, réflexologue, acupuncteur, j’avais besoin d’accomplir une démarche plus holistique avec des soins naturels. J’avais surtout besoin d’avoir un vrai contact humain avec moi dans cette période et qui dépassait la « mécanique ».

Seulement après cela, j’ai pu en parler autour de moi. Ca avait été difficile auparavant.

J’ai ensuite commencé à chercher un autre médecin. J’ai vu 3 pontes de ce type de fécondation : le don d’ovocytes. Deux en France et un médecin en Angleterre.

L’un d’entre-eux m’a signalé qu’il n’aurait pas effectué de FIV à une femme de 43 ans. Un autre m’a dit qu’il semblerait que les analyses de mon mari n’étaient pas excellentes. C’est la première fois qu’on me disait cela.

En tout cas, les 3 avis étaient unanimes, le don d’ovocytes restait la meilleure solution et elle était tout à fait envisageable.

Mais en France, ce n’est pas légal. Ils m’ont proposé de le faire en Espagne ou en République Tchèque.

Vous prenez cela comment émotionnellement ?

A la suite de mes 3 FIV infructueuses, lorsque le médecin m’en avait parlé, je me suis écroulée. Je me suis vraiment effondrée. Je me suis dit « jamais » !

Et un an après, lorsque j’ai vu ces 3 médecins, l’idée ne m’était plus étrangère, j’étais préparée. A ce moment-là, je me suis dit « pourquoi pas ». Et je tiens à dire que mon mari a toujours été un énorme soutien. Notre couple est un vrai noyau, nous sommes solides.

Mon but était d’accepter et de comprendre les conséquences génétiques d’un don d’ovocytes.

J’ai cependant gardé une colère en moi, celle qu’on ne nous ait pas informé des problèmes de mon mari. Ils n’ont rien remarqué ! Nous nous sommes dit que nous avions perdu quelques années, ses problèmes auraient pu être vus dès les premiers examens. Dès le départ, on aurait pu nous mentionner de ne pas le faire naturellement.

Avez-vous mis du temps à peser le pour et le contre ?

Nous avons réagi rapidement et en 6 mois, nous étions dans une clinique en Espagne. Notre dossier étant suffisamment complet au vu du nombre d’examens effectués, ça été très rapide.

Quelles sont les démarches à effectuer ?

La clinique s’occupe de tout. Nous ne l’avons pas effectué en Angleterre car l’attente était trop longue (jusqu’à 1 an) et le coût est faramineux.

Mes 3 FIV étaient déjà payantes en Angleterre. Dans ce pays, à 40 ans vous n’avez plus les mêmes remboursements qu’en France. Et je ne compte pas le coût de toutes les opérations que j’ai pu faire. J’avais déjà dépensé plus de 40 000 euros.

Il faut aussi savoir qu’en dehors de l’Angleterre, le don d’ovocytes est anonyme.

Une fois que nous étions en Espagne, il suffisait juste d’aligner mon cycle à celui de la donneuse pour recevoir le don.

Il faut également que les rhésus sanguins soient compatibles. On définit ensuite les caractéristiques les plus évidentes que j’ai (ex : origine caucasienne, couleur des yeux, taille). Attention, on ne choisit pas, ce sont des faits, en tout cas, pas dans la clinique dans laquelle nous sommes allés. En revanche, aux Etats-Unis, on peut même aller jusqu’à choisir le niveau académique de la donneuse.

A la suite de cela, on m’a mise sous pilule pour contrôler mon cycle. Nous sommes dans une phase de synchronisation avec la donneuse.

Ils réceptionnent aussi le sperme de mon mari.

On sait au bout de 14 jours si je suis enceinte. Là, ce n’était pas le cas. Ca n’avait pas fonctionné.

Comment se sent-on à ce moment-là ?

Je me suis sentie perdue, désespérée tout en ayant encore un peu d’espoir. Par rapport à une FIV, c’est moins violent pour le corps.

Et comme nous avions encore d’autres embryons congelés, nous l’avons refait quelques mois plus tard, toujours en Espagne. A nouveau un échec.

Nous avons ensuite décidé d’arrêter de faire cela en Espagne et nous sommes allés en République Tchèque. A la fois pour des raisons de déception mais aussi de coût.

Il faut savoir qu’à chaque fois, cela engendre un traumatisme. Au bout d’un moment, on le fait sans y croire.

Et votre mari ? Votre entourage ?

Il a toujours été très présent. Je lui ai proposé de faire une éventuelle adoption.

Etant une femme, j’ai voulu faire la démarche moi-même. Je me sentais assez victime. Plus que lui. Il y a des dommages, même physiques. C’est totalement traumatisant. Même en étant entrée dans ce système de manière très positive.

Je me suis sentie coupable de la situation, depuis le tout début.

Tout m’a fait me sentir responsable. Mon mode de vie, les gens me parlaient de stress, de voyages car à l’époque je voyageais beaucoup pour mon travail. Mon poste était élevé, j’avais de grosses responsabilités et je ne pouvais pas me permettre de ne plus travailler ni de ne pas voyager. J’avais énormément d’engagements professionnels.

Les gens m’ont jugé ou en tout cas, je me suis sentie jugée. Pourquoi continuer, pourquoi le faire ? Le veux-tu vraiment ?

Je me suis davantage sentie jugée par mon mode de vie que par mon âge.

Alors, je me suis rendu compte que je n’étais pas la seule à vouloir un enfant à 40 ou à 45 ans. J’étais presque devenue une coach de ces femmes qui étaient en demande, je m’apercevais que je gardais encore mon optimisme pour partager mon expérience auprès de ces femmes.

Que s’est-il passé en République Tchèque ?

Déjà, je voulais me détacher des mauvais souvenirs en Espagne. Et puis, je n’entendais que de bonnes choses sur la République Tchèque.

J’ai rapidement identifié la bonne clinique mais nous avons refait toutes les démarches. Et ça s’est passé de manière très rapide.

Mon premier transfert d’embryon a fonctionné, j’étais enceinte ! Enfin ! C’était des jumeaux. Puis j’ai fait une fausse-couche après 11 semaines.

C’était très dur même si ça n’aurait pas été une grossesse simple.

On m’a conseillé ensuite de ne mettre qu’un ovocyte.

Là, je me dis que ça sera mon dernier transfert d’embryon et que je n’en parlerai à personne.

C’était mon 7ème essai en tout et c’était ma fille ! Le 7 m’a porté bonheur ! En vous le disant, ça me donne envie de pleurer, l’émotion est toujours la même.

Comment s’est passée votre grossesse ?

Super grossesse, je me sens très bien. J’ai juste eu des pertes de sang énormes, j’ai cru au pire. Finalement ce n’était pas grave et pas engageant dans la vie de l’enfant.

A ce moment-là, j’avais 45 ans et ma fille est née.

Pensez-vous souvent au fait que l’ovocyte n’était pas le vôtre ? Cela change-t-il quelque chose ?

Non. J’avais peur de ça, du rejet, du manque de ressemblance, de beaucoup de choses. Et en fait, pas du tout. Tout est très naturel. On me dit souvent qu’elle me ressemble, bien plus qu’on dit qu’elle ressemble à son papa.

Ca vous fait quoi ?

C’est drôle.

Les seules questions que nous avons aujourd’hui, c’est comment nous allons lui en parler, comment aborder le sujet et à quel moment et si nous allons le faire. Pour l’instant, c’est une enfant, elle a besoin d’amour. Elle n’a pas besoin de le savoir tout de suite, elle est petite.

Je me dis aussi que dans vingt ans, la science aura évolué et que les dons d’ovocytes seront monnaie courante.

Sentez-vous un regard différent sur vous et votre petite fille ?

Aucun, je sais que je suis plus âgée mais on vit dans des métropoles modernes. Je vois beaucoup de femmes de mon âge qui poussent des poussettes, qui parfois paraissent plus âgées que moi.

Quelle maman est-on maintenant à 49 ans avec une petite fille qui aura bientôt 4 ans ?

Finalement, avoir eu ma fille plus tard, ça a été un cadeau. Je suis beaucoup plus calme, financièrement plus stable. Plus patiente aussi et plus expérimentée d’une certaine manière.

Je me rends compte surtout que je suis une maman chanceuse qui a envie d’en profiter.

Pour conclure…

Nous sommes les parents les plus heureux au monde, notre fille est heureuse, il n’y a que ça qui compte. C’est notre plus belle réussite. J’ai pris conscience de mes réussites et je peux vous dire que ça ne sera jamais mon travail.

Je conseille vivement aux femmes de plus de 40 ans qui souhaitent avoir un enfant de pouvoir vivre cela, de ne pas hésiter sur cette démarche.

Mais j’encourage surtout les femmes à congeler leurs ovocytes avant 40 ans. Il y a dix ans, on n’en parlait pas, on n’était pas informées. Ou c’était tout simplement tabou.

https://www.konenki.fr/premenopausee-sans-enfant/