Rencontre avec Nathalie Beyer qui anime un cours d’Aruna yoga, pour «les Ateliers de Nina» (insta : lesateliersdenina) chaque lundi.
Ce yoga, qui débarque en France, vise à libérer les émotions, réguler les hormones et permettrait même de se débarrasser des kilos émotionnels.
L’Aruna yoga s’inspire du Hatha yoga, du Vinyasa et de la Kundalini, ainsi que d’autres traditions spirituelles comme la méditation, la Kabbale, la guérison par les énergies. Pour en savoir plus sur le yoga Kundalini, yoga des hormones https://www.konenki.fr/on-a-trouve-le-bon-yoga-pour-traverser-la-menopause/
Aruna est basé sur les énergies. Le cours de yoga en zoom, ça marche ?
Oui, peut-être un peu moins qu’en « présentiel » mais lundi soir, j’ai senti l’énergie. D’ailleurs, la fréquentation des cours de yoga en ligne a explosé pendant le confinement. Les profs de yoga se sont véritablement mobilisés. Les respirations apaisent et on a tellement besoin de sérénité.
Aruna yoga n’est pas encore pratiqué en France. Comment l’avez-vous découvert ?
Avant de m’y mettre, j’étais une femme en résistance. Émotionnellement, je me cherchais profondément. A 48 ans, le début des symptômes de la ménopause ont accentué ce sentiment d’instabilité. Comme beaucoup de femmes qui traversent ces moments, mon corps m’échappait. J’ai eu à cette époque une succession de chocs émotionnels qui m’ont mise à genoux. J’ai perdu une amie d’un cancer entre autres. Quatre années de quête, à me poser des questions existentielles avec de terribles insomnies.
Et puis un jour, j’ai eu un « pétage de plombs », un vrai…
Et les jours d’après, un vide abyssal… Je me suis enfermée pendant 15 jours dans le silence. Et un jour, une amie, adepte de yoga, m’a aidée. Avec elle, j’ai appris à respirer et à ouvrir mon cœur. J’ai senti mon corps qui s’activait, l’oxygène qui traversait mes membres. Un jour, pendant la pratique, au shavasana (posture du cadavre en fin de séance, allongé sur le dos, les membres complètement détendus), j’ai débloqué mon plexus solaire. J’ai eu une montée de Kundalini (énergie) et je me suis mise à pleurer de libération. Et là, j’ai senti que je pouvais trouver toutes les réponses que je cherchais. A 52 ans, je commençais le yoga et je n’ai, depuis, jamais cessé de pratiquer. J’ai découvert Aruna yoga avec la formation de Nicki Forman. Une révélation.
Quels sont les principes d’Aruna yoga ?
L’énergie bien sûr et aussi la corrélation entre le corps et la tête. Il faut bien comprendre comment ils fonctionnent ensemble pour libérer les émotions. Il faut trouver le moyen d’évacuer du corps les blocs émotionnels qui viennent se placer partout et qui souvent empoisonnent l’existence. Le corps, ce n’est pas simplement une association de bras et de jambes qui permettent de se déplacer d’un point à l’autre, c’est bien plus que ça…
Aruna est venu m’apporter des réponses. C’est une synthèse de presque tous les yogas existants, Vinyasa, Hatha, Nidra, Nada, Kundalini. C’est d’abord et avant tout une connexion à soi-même.
L’importance de la présence : se poser et prendre conscience.
Prendre conscience de la conscience ?
Grâce à la formation de Nicki, j’ai commencé à comprendre comment le corps humain fonctionne, d’une façon très approfondie. Ce n’est pas une posture qui va te débloquer, c’est la tête qui permet de débloquer un état. Pour y arriver, il faut une association Présence – Respiration – Mouvement.
Sachez que le corps possède une intelligence infinie, il comprend les messages, et il répond… Ce que l’on vit à l’intérieur se voit à l’extérieur. Les soucis, les angoisses, la peur, l’anxiété font partie de la vie et ne disparaissent pas comme par enchantement le jour où l’on se met au yoga. En revanche, on peut tout de suite apprendre à bien les gérer. Le résultat est rapide, profond mais il faut s’engager. Oxygéner et étirer son corps au quotidien à travers le yoga aide à prendre de la distance avec des situations potentiellement génératrices d’anxiété.
Comment Aruna yoga arrive-t-il à déverrouiller les blocages émotionnels ?
Par la maîtrise de la respiration en premier lieu. Tout le monde est capable de respirer. Mais pour aller trouver son souffle, il y a des techniques. Plus on va chercher ce souffle dans le ventre, plus on réveille l’énergie vitale, la force vitale.
Le yoga Aruna travaille aussi sur la libération des émotions par le lâcher-prise. Les Kryias (exercices physiques de Kundalini) qui sont des mouvements répétitifs pratiqués intensément, associés à des respirations bien spécifiques, sont un atout incroyable pour faire ce travail de déblocage.
J’ai coutume d’utiliser cette image : « c’est comme quand tu pompes un lavabo bouché, à force de pomper, ça se débouche »
L’énergie déployée intensifie la prise de conscience. Le cœur est stimulé par les mouvements de bras répétés, la respiration est rapide et dynamique, et au bout d’un moment le déblocage a lieu ou pas, il n’y a rien à chercher, juste laisser le corps faire son travail de nettoyage. Le cœur et les poumons, centres de la vie, sont activés, l’énergie commence à se déplacer, le healing commence. C’est la magie d’Aruna.
Aruna yoga permet aussi de s’affranchir du regard des autres. Dans une séance, on danse, on se lâche au rythme de la musique. 40 personnes qui se secouent, se lâchent, ça libère de plein de choses, à commencer par la peur du regard de l’autre.
D’ailleurs, c’est quelque chose que vous pouvez faire dès maintenant chez vous. Essayez de vous lâcher 5 minutes par jour, avec de la bonne musique, bougez la tête et les bras, vous sentirez dans votre corps une décharge énergétique, c’est une bonne routine à installer !
Par quelles postures ou respirations commencer la pratique de ce yoga ?
On peut déjà commencer en travaillant la respiration yogique Ujjâyi. La base de tout le reste. On l’appelle le souffle victorieux ou océanique à cause du bruit d’océan que le yogi émet en la pratiquant.
Asseyez-vous ou allongez-vous, prenez une position préférée pour être relaxée. Si vous choisissez la position assise, soyez bien droit. Pour réveiller l’énergie, il faut avoir le dos bien droit.
Commencez par 5 minutes dans le silence total. Ça paraît long mais vous allez vous y habituer. Les mains posées sur les genoux, ouvrez votre cœur et votre torse, tête bien posée. Votre tête pèse 7 kilos, c’est lourd, il faut bien la positionner.
Commencez par respirer de façon naturelle et puis enclenchez la respiration Ujjâyi
C’est une respiration diaphragmatique et thoracique. Elle prend racine dans le ventre (shakra racine). Contractez légèrement le plancher pelvien, cela pousse les viscères vers le haut. Vous allez alors créer de l’espace, le diaphragme se soulève et va pousser contre colonne vertébrale. L’air passe alors, monte vers la cage thoracique inférieure et se dirige dans le haut de la poitrine et de la gorge. Rien que la concentration sur la respiration arrête les ruminations et l’agitation de l’esprit. C’est la méditation. Méditer, c’est respirer, se poser. Le yoga stoppe les fluctuations de l’esprit.
On peut parler de yoga thérapeutique ?
Absolument. Le yoga Aruna est un laboratoire d’outils thérapeutiques.
Il permet d’être en pleine conscience au quotidien, presque même pendant le sommeil. On devient un observateur, un témoin de sa conscience. C’est un filtre constant dans notre vie. Une prise de conscience. Vraiment, on se lâche, on prend conscience qu’on peut s’aimer. L’égo s’en va et enfin on se trouve.
Il faut prendre conscience de ce qui se passe dans notre thorax et notre corps tout entier : le cœur et les poumons. Les deux organes clés à l’ouverture de conscience et acceptation de soi, la rencontre avec soi-même. Pendant ce voyage, il y a aura aussi la rencontre avec des zones sombres. Mais ce qui est rassurant, c’est que tu sais que tu peux faire face avec ton tapis, ta pratique et la respiration…
Nathalie me montre son tapis près de son lit.
« Mon tapis est toujours là, je m’y installe. En une heure de temps, tu peux évacuer de ton corps, de tes organes, un bloc émotionnel qui peut être sur différents endroits de ton corps. On doit pomper son cœur, étirer son corps et oxygéner ses poumons ».
Dans le cours, tu te livres. Pourquoi partager tes pensées avec tes élèves ?
Dans Aruna, il est bon d’apporter son histoire personnelle. Chacun vient avec son bagage émotionnel, son expérience. En tant qu’instructeur, je dévoile toujours quelque chose d’intime pendant mes cours. Et presque toujours, cela vient faire écho chez les autres. J’utilise aussi cette émotion provoquée. C’est du déblocage émotionnel.
C’est un processus de transformation ?
Oui. Il y a plusieurs étapes dans ce voyage qui est un cours. On travaille différentes choses, différemment. Le tout te permettant à la fin de te sentir mieux, de te libérer.
Par exemple, dans une posture, on tient longtemps les mains en hauteur. Cette posture associée à la « respiration du feu » (inspirez profondément et expirez avec force pour expulser l’air) agit comme une véritable détox. La respiration t’aide à aller au-delà, à retenir les bras en l’air. Tu apprends à contrôler ton esprit, c’est du dépassement de soi.
A un autre moment, on met de la musique et on danse, on se lâche et on bouge tous ses membres. On est dans le lâcher-prise. Et puis, on se remet au sol avec un yoga plus doux mais profond ! Contrairement à ce qu’on pense, plus le mouvement est intériorisé, plus il est puissant.
L’équilibre sur le tapis, c’est l’équilibre de la vie.
Plus tu progresses, plus tu te redresses, trouves ton centre, tu es prête à affronter ce qui vient.
Toutes les postures, toutes les respirations ont une action thérapeutique. Elles soignent. Le yoga régule vos systèmes vitaux.
Le yoga permet d’atténuer les bouffées de chaleurs et les sautes d’humeur…
Quand l’air passe, le souffle prend racine, et l’énergie se déplace tel un générateur électrique qui va diffuser l’énergie à travers le corps. C’est un élixir de jouvence au quotidien. A 54 ans, je ne me suis jamais sentie aussi bien dans mon corps et dans ma tête et ce n’est que le début du voyage. Avec Aruna, j’ai trouvé ma terre, mon centre. C’est ma plus belle histoire d’amour car c’est celle que je vis enfin avec moi-même. Je connais enfin l’amour inconditionnel de soi.