» la préménopause, ça passera comme une lettre à la poste! »
Les sautes d’humeur et l’hypersensibilité sont sûrement les symptômes les plus difficiles à supporter pour les femmes pendant la préménopause. C’est un véritable tsunami ! A cela s’ajoutent souvent à certains moments aussi des grandes fatigues et un mal-être dont on ne trouve pas l’origine… On navigue dans un brouillard qui peut durer entre 2 et 11 ans. Du petit coup de blues à la dépression, qui touche plus de 15 % des femmes, ne l’oublions pas !
Ilana Waserscztajn, notre psychologue clinicienne, nous explique ce qui se passe dans notre tête et nous donnes ses astuces et conseils pour se calmer et naviguer « pimpantes » !
Comment expliquer nos sautes d’humeur et nos angoisses pendant la préménopause ?
Nous les femmes, c’est une longue histoire avec nos hormones, mais là c’est costaud. 30% des femmes sont touchées par des troubles de l’humeur… Nos hormones quittent le navire et on a l’impression de devenir folles.
Les hormones et nous, c’est vraiment une longue histoire d’amour mais est-ce qu’on se connaît vraiment, en fait ? Il faut comprendre que la ménopause sera vécue différemment d’une personne à l’autre. Au regard de la vie qu’on a, de nos relations…
La perte d’œstrogène et de progestérone va avoir de réelles répercussions. Il ne faut pas oublier que c’est un véritable phénomène physique, les deux hormones sont en phase d’élimination ! A partir de là, chacune le vit différemment avec des symptômes plus ou moins forts et aura peut-être recours à des solutions naturelles ou des médicaments…
Mais il faut bien comprendre que c’est un phénomène physiologique et non psychologique.
Nous devons bien distinguer les deux sinon nous risquons de culpabiliser. Nous vivons déjà dans une société qui nous bombarde d’injonctions : « il faut être au top, il faut être heureuse »… C’est déjà compliqué. Alors, il ne faut vraiment pas se prendre la tête, se dire qu’il y a des jours avec et sans. C’est déjà une première chose à intégrer.
Q: Pourquoi est-il si important de faire la différence entre la psychologie et la chimie ?
Prenons mon exemple. J’ai eu après mon accouchement des angoisses très fortes. Des véritables idées noires, c’était terrible. J’ai compris que ces angoisses ne m’appartenaient pas, elles n’étaient pas à moi. Ce n’était pas mon identité, il était en train de se passer quelque chose. Avec les symptômes de la préménopause, les hormones qui baissent, c’est le moment de mettre une distance entre ce qu’on est vraiment et ce qui est le résultat de mon corps qui change, qui évolue.
Q: Ce que tu nous dis c’est qu’on ne développera pas de maladies psychologiques ou psychiatriques?Bref, qu’on ne va pas devenir dingues pendant la préménopause ?
Non, ça n’a rien à voir avec la psychologie, en revanche l’état d’esprit dans lequel on est dans le moment va avoir des répercussions. Si on est bien, qu’on a donné du sens à sa vie, si on est bien dans son couple… Tous ces facteurs auront des répercussions. Evidemment, cette période et les sautes d’humeur seront plus dures à supporter si on vit un moment de crise, de remise en question ou de perte de sens.
Q: Comment établir un dialogue avec ses hormones pendant la préménopause ?
D’abord, établir un dialogue avec ses hormones c’est établir un dialogue avec son corps. L’année dernière j’ai commencé à sentir que je prenais du ventre, je perdais moins facilement après mes écarts…J’en ai déduit assez rapidement que j’étais en préménopause. J’ai réalisé avec le temps que plus j’étais focalisée sur mon ventre – négativement – moins je perdais. Et pourtant je la connais la recette : vis ta vie normalement en suivant un rythme normal, n’inflige rien à ton corps et surtout oublie cette obsession. Plus on donne de l’importance à ce qu’on croit être un problème, plus on l’entretient.
Cet été, j’ai zappé cette histoire de ventre et voilà, tout est rentré dans l’ordre !
L’idée c’est de faire de son corps son allié, de le remercier, de l’aimer. Lui dire « Merci d’être là, et de me permettre de faire ce que je veux au quotidien« . Ça peut passer par de la méditation ou un simple remerciement. Mais nous devons en être conscientes. Il faut dialoguer avec son corps et ses hormones positivement. En faire ses amies. Au fond, si on ne le fait pas, on va rentrer dans un stress qui sera nocif pour la tête, le corps et la ligne ! Les études montrent que les personnes heureuses dans leur vie ressentent mieux leur satiété. Il faut garder un niveau de vibration haute, c’est-à-dire un niveau de bien-être. Pour dialoguer et apprivoiser ses hormones, on peut essayer certaines activités comme le yoga hormonal, voir notre article : https://www.konenki.fr/on-a-trouve-le-bon-yoga-pour-traverser-la-menopause/
Pour reprendre mon exemple, plus je dis à mon corps des choses négatives, puis je punis mon ventre. Alors il résiste.
Q: Pas facile quand la société nous renvoie une image super négative de cette période ! Rien de bon à attendre. Comment changer cette narrative ? Faire de nos hormones nos amies ?
On a le droit d’accepter ou pas ce qu’on nous donne, on a le droit et la responsabilité de se bâtir ses propres croyances. J’avais de l’endométriose, on m’a dit que j’aurai des difficultés à avoir des enfants. Je n’ai jamais accepté ça et j’ai eu raison.
Depuis, j’ai pris cette décision de ne pas être en combat avec mon corps, « je vais être son alliée et lui donner de l’amour et de la gratitude« . Il le mérite. Et puis, il faut se dire que c’est une chance d’être arrivée jusque-là. Je me visualise déjà la femme que je veux être dans 5, 10 ans.
Q: Quels conseils peux-tu nous donner pour casser ces croyances limitantes ?
Cela passe par 3 axes : rééducation des croyances, rééducation des émotions et rééducation des comportements.
Chacune d’entre nous peut voir à quel niveau c’est le plus compliqué et agir en conséquence. Si je mange du sucre toute la journée, ça va être compliqué de garder la ligne. N’oublions pas que de toutes les façons, c’est systémique. Si je travaille sur les pensées, cela aura des répercussions sur les émotions et aussi sur les comportements.
« Moi, je me suis dit par exemple : la ménopause, ça va passer comme une lettre à la poste«
Par cette pensée, je suis en train de programmer mon inconscient pour trouver les meilleures stratégies pour que ça se passe comme je le veux.
Q: Mais, quand c’est chimique, comme les bouffées de chaleur, on ne peut rien faire. Comment ces croyances peuvent-elles alors nous aider ?
Attention, je n’ai pas dit que je n’aurai pas de symptômes, mais que je vais vivre avec ces changements pour en faire des alliés. Par exemple : je suis une grande frileuse, en ce moment je peux mettre des petites robes. Cela ne veut pas dire que vais me raconter des histoires, mais je vais intégrer ces changements dans ma vie plutôt que d’en faire une bataille. Je les vis au mieux !
Q: « La préménopause, ça passera comme une lettre à la poste », est devenu ton rituel. Peux-tu nous l’expliquer ?
Ça passe par la visualisation, j’imagine le corps que je vais avoir dans 10, 15, 20 ans. Je peux m’aider en prenant exemple sur des femmes à la gym, dans la rue… » Tiens, j’aime bien son style, son allure, son corps« . Je garde cette image en tête. Comme dans l’inconscient il n’y a pas de différence entre le réel et l’imaginaire, il suffit que je l’imagine pour que ce soit comme la réalité pour mon inconscient. Alors, naturellement il m’y amène.
La ménopause, ça va être comme une lettre à la poste, ça veut dire que ce sera simple, que ça se passera dans l’amour. Bien évidemment, il y aura des changements, de vrais bouleversements mais je ne refuserai pas à mon corps d’être ce qu’il est. Je ne vais pas me dissocier de mon corps pour en faire mon ennemi. C’est mon allié, c’est moi !
Q: Comment peut-on s’aider au quotidien pendant la préménopause ?
C’est vraiment la manière dont on voit les choses. Une épreuve c’est toujours une opportunité d’apprendre sur soi, les autres, sur la vie ! Comment faire de ce changement une opportunité ? Je le répète, c’est vraiment important de faire la différence entre psychologique et chimique. La situation se complique quand on cherche des causes à un mal-être qui est en fait dû à une baisse d’hormones.
Si c’est chimique, alors on n’essaye pas d’intervenir, on laisse arriver et on laisse repartir. Il y a des jours avec et sans. J’intègre cette idée. Savoir dialoguer avec son corps et sa tête est important pour devenir Actrice de sa vie !
Q: Entre 45 et 50 ans, les raisons d’être bouleversée ne manquent pas ! La santé des parents qui décline, les changements inévitables dans la carrière, si on n’a pas d’enfants on se sent peut-être plus seule, si on en a, ils vous quittent… Comment faire le tri entre ce qui nous travaille réellement et la chimie de nos hormones ?
Quand c’est un facteur psychologique, on peut trouver des solutions. Si on sent qu’on ne peut pas agir dessus, c’est la piste chimique à privilégier !
Aussi, interrogez-vous sur la fréquence ou récurrence de ces émotions, cela peut aider à identifier la cause.
N’hésitez pas à consulter un thérapeute qui vous aidera à y voir plus clair. Il pourra vous aider à travailler sur vos relations, votre carrière etc. Concrètement sur ce que vous pouvez changer qui dépend en partie de vous !
Mais, si c’est chimique, foutez-vous la paix et prenez soin de vous !
