Parfois de simples mots « bien sentis » peuvent changer la vie. C’est souvent ce que provoque la lecture de Brené Brown, chercheuse américaine en sciences sociales, auteure de véritables bibles sur notre fonctionnement comme « La Grâce de l’Imperfection » ou « Le Pouvoir de la Vulnérabilité ». A partir de résultats de larges enquêtes sociologiques qu’elle a menées, la chercheuse nous éclaire sur ce qui nous motive depuis toujours : notre capacité à s’aimer et être aimé, réussir à « ouvrir notre cœur » pour vivre en plénitude et se sentir enfin dignes d’être aimé(e).
« Je suis « suffisante » ( I’am enough). Cela veut dire cultiver le courage et la compassion de s’éveiller le matin en se le disant à nous-même. Peu importe ce que je fais aujourd’hui, je suffis à la tâche. C’est aller au lit le soir en se disant à nous-même : oui, je suis imparfait(e), vulnérable et parfois effrayé(e), mais cela ne change rien au fait que je suis brave et digne d’être aimé(e). »
Brené Brown
Alors, pouvons-nous augmenter nous-mêmes notre capacité à aimer et à être aimé ? Dans un article paru dans Oprah Magazine, Brené Brown, nous explique ce que signifie « la plénitude du cœur » et comment la cultiver.
Au commencement, le constat étonnant de ses études…
Brené Brown a interrogé des milliers de personnes au fil des années. Seulement 15 à 20 % des personnes sondées vivaient vraiment à fond leurs relations. Quelle était donc la qualité de ces personnes qui les rend si capables de recevoir et de donner de l’amour ?
Première révélation, ces personnes avaient un point commun : elles croyaient profondément qu’elles étaient dignes d’amour et avaient un sentiment profond d’appartenance. Cette croyance d’être « aimables », d’avoir une mission, une place dans le monde qui leur permettait de faire des choix quotidiens en conscience.
Précision de Brené Brown : elles se sentent « dignes d’amour » inconditionnellement. C’est-à-dire, pas comme on peut se le dire parfois : « je suis digne d’amour mais je le serais encore plus quand j’aurais perdu 5 kg ou décroché ce contrat... »
Les petits chanceux appartenant à ce groupe n’étaient pas pour autant des « Superman » ou « Superwoman ». Plutôt, des êtres reconnaissant leur failles, honte et vulnérabilité et sachant les affronter. Ils/elles avaient tous une habilité à montrer leur vulnérabilité, ne cherchaient pas « contenir » leur émotion. Non, ils/elles y faisaient face en conscience.
Comment nous autres, la majorité moins douée en relation, pouvons-nous aller aussi vers une plénitude du cœur ?
La chercheuse s’est donc posée la question suivante : sommes-nous tous en mesure de cultiver les mêmes qualités ? En sachant qu’il ne suffit pas de se répéter que l’on est digne d’être aimé pour arriver à le ressentir vraiment. Pourrait-on développer un sens plus profond et plus aimant de la plénitude du cœur, tant pour les autres que pour nous-mêmes ?
Voici les 4 clés accessibles à tous qu’énonce la spécialiste en relations humaines.
Premier conseil de Brené Brown : arrêtez de vous épuiser !
Il faut cesser de vouloir tout faire et apprendre à dire non. Nous agissons avec une croyance que l’hyperactivité est un symbole de statut dans notre société. Ce que nous appelons « The Rat Race » nous épuise. Le hamster dans sa roue… Les femmes vont souvent jusqu’à l’épuisement et ont l’impression qu’elles doivent performer à tous les niveaux.
« Nous ne sommes pas suffisantes, nous devons faire plus, mieux, nous devons nous dépasser… »
Nous avons adopté l’anxiété en tant que style de vie, la productivité en tant que valeur essentielle, et le perfectionnisme en tant qu’idéal. Les études de l’experte ont montré qu’au contraire les personnes qui se sentent dignes d’être aimées savent s’arrêter et se reposer, dormir, faire des siestes, prendre soin d’eux, ce qui les rend paradoxalement plus généreux envers les autres et plus authentiques envers eux-mêmes. N’hésitez pas tester l’essentialisme https://www.konenki.fr/essentialisme-faire-moins-pour-etre-plus-heureux/
Brené Brown a elle-même fait ce chemin. Ancienne hyperactive, épuisée, elle a décidé de bouleverser ses habitudes de vie. Aujourd’hui, quelle que soit l’urgence, elle ne renonce jamais à ses huit heures de sommeil.
Comment mettre fin à l’épuisement ?
Pour mettre fin à l’épuisement, on peut déjà commencer à apprendre à dire NON. Et pour dire NON, nous devons comprendre pourquoi, et à quoi, nous disons oui. Prendre le temps de le formuler est déjà un début de travail sur soi nécessaire. La clé réside dans l’observation de nos « process », de nos pensées. Celles qui nous poussent à nous épuiser sont en « pilote automatique » et nous ne les remettons pas en question. Pour en savoir plus sur https://www.konenki.fr/les-talks-de-konenki-avec-thomas-dansembourg-psychotherapeute/
La chercheuse nous encourage à travailler sur nos « Gremlins de la honte ». Les « Gremlins » dans le langage de la chercheuse sont ces petites voix dans notre tête qui viennent nous saboter avec des sentiments de honte, de comparaison, de dépréciation, ces voix qui nous insufflent peur et insécurité et nous maintiennent dans un « petit monde fini ».
Le conseil pratique de Brené Brown : quand vous entendez vos « Gremlins de la honte » vous dire : « tu ferais mieux de dire oui, sinon ils ne t’aimeront pas » ou « ils penseront que tu es paresseux« , répondez-leur : « pas cette fois. J’ai le droit de dire non. J’ai le droit de m’aimer, de rester à la maison... » Le chemin commence par avoir le courage de nous montrer tels que nous sommes et devenir vrais.
Vous allez commencer à être authentiques, vulnérables… Et c’est là que la magie s’opère.
C’est lorsque nous avons le courage d’être authentiques, de dire notre vérité, de nous montrer tels que nous sommes, que nous créons de la confiance dans la relation. En osant être vulnérables, nous dévoilons notre vraie personnalité. La confiance nous gagne, l’humilité et l’empathie dont nous faisons preuve profitent à tout le monde. C’est alors que nos relations avec les autres s’enrichissent, de même que la qualité de notre vie.
Ensuite, créez !
Il n’existe pas de personne créative ou non-créative : nous sommes faits pour fabriquer ! Chaque être humain est un artiste et peut libérer sa créativité. La création a tout à voir avec le bonheur et l’amour. Quand la chercheuse a questionné les participants à ses études, tous sans exception, pouvaient se souvenir d’un moment de sa vie où la créativité leur avait procuré une immense joie. Remontant à l’enfance pour la plupart, ces souvenirs étaient forts parce qu’il y avait une sensation d’inné, de magie. Nous avons tous fait appel à notre artiste intérieur sans passer par la case apprentissage.
Mais adultes, nos « Gremlins de la comparaison » nous censurent . Des voix nous répètent : « je ne suis pas assez bon »vou « je ne suis pas un vrai sculpteur… Je suis un imposteur « .
Nous nous faisons honte pour arrêter.
C’est un petit trauma : bien que nous ayons tous commencé par être créatifs, entre 8 et 14 ans, au moins 60 % des participants se souviennent très bien comment ils ont « appris » qu’ils n’étaient pas des artistes. Souvent de la bouche d’un enseignant ou un parent : « l’art, c’est pas ton truc « … Se comparer, se dénigrer, ne pas se sentir à la hauteur, coupe les ailes à notre artiste intérieur.
La chercheuse va plus loin : la créativité non-utilisée n’est pas bénigne. Elle se transforme en jugement, en chagrin, en colère et en honte.
Conseil de Brené Brown : commencez par quelque chose de facile. Pourquoi ne pas commencer à dessiner sur une Pompote ou un fruit ?! Dessinez-lui un visage marrant ! Vous pouvez créer à tout moment, sur tous les supports.
Pratiquez le calme
Si c’était aussi simple… Ce n’est pas en se disant d’être calme que nous allons l’être. Il faut d’abord comprendre ce qu’est le calme, la sérénité.
« C’est être capable de voir clairement parce que nous ne réagissons pas de manière excessive à une situation. Nous sommes à l’écoute et nous comprenons. Nous nous laissons aller à ressentir la vulnérabilité du moment (l’appel du médecin, la réunion avec le patron en colère), puis nous gérons ce sentiment».
Les études de Bréné Brown ont montré que les participants qui avaient cette aptitude à être calmes avaient des points communs. Par exemple, ils respirent lorsqu’ils se sentent vulnérables et posent des questions avant de s’exprimer.
L’experte en relations humaines nous livre une astuce qui a changé sa vie.
3 questions à se poser en situation de panique et stress :
- « Est-ce que j’ai assez d’informations pour paniquer ? (90% du temps, la réponse est non)
- « Où avez-vous entendu cette nouvelle ? (la source est-elle fiable ?)
- Ai-je suffisamment d’informations fiables pour paniquer et si je le fais, est-ce que cela sera utile ?
Il faut pratiquer ces habitudes comme un sport, une habitude de vie.
Commencez par la cohérence cardiaque ou des exercices de respiration tout simples : https://www.konenki.fr/coherence-cardiaque-bienfaits-et-exercices/
« Nous devenons ce que nous faisons »
Brené Brown
Faites comme Brené Brown : déconnez, lâchez-vous !
Un des points communs des individus en capacité d’aimer à fond est qu’ils savent s’amuser, même déconner… « Fool around » dans le texte. Au début de ses recherches, la chercheuse raconte qu’elle ne comprenait pas ce qu’elle observait chez les « personnes à haute capacité d’amour ». Elle a donc choisit le terme « fool around », parce qu’elle ne savait pas le décrire autrement. C’est en regardant ses enfants jouer dans le jardin qu’elle a réalisé : » ces adultes dans mes études sont en train de jouer ! Ils glandent et jouent « .
Son conseil : retrouver votre enfant intérieur en jouant. Pratiquez des activités qui vous font perdre la notion du temps » mais sans but précis. Dressez une liste et organisez votre temps en famille ou avec vos amis en fonction de ces activités qui n’ont aucun but, si ce n’est celui de s’amuser.
Enfin, lâchez-vous, n’ayez pas honte de vous ridiculiser.
N’essayez pas d’être cool, d’appartenir, soyez vrai !
Ce qui empêche la plupart d’entre nous de se lâcher, de danser, d’oser – à tout âge – c’est généralement le refus d’être vulnérable. Cette peur de ne pas « appartenir au groupe, de ne pas être populaire » s’empare très tôt de nos enfants aussi. Les études montrent que même au CP, les enfants ont peur du rejet, de ne pas s’intégrer.
Il est peut-être temps de faire preuve à notre égard d’amour et d’estime de soi, ne serait-ce que pour donner l’exemple à nos proches. Les enfants ne suivent pas ce que nous disons mais ce que nous sommes. Aimer et être aimé commence par s’aimer inconditionnellement.
« S’approprier notre histoire et s’aimer à travers ce processus est la chose la plus courageuse que nous ne ferons jamais. »
Brené Brown